Auprès de mon arbre
mars 2011
Il y a cette maison à la mer où se sont succédé les générations, dont les trois enfants sur le mur représentent le dernier maillon. Cette maison pas si loin de chez nous, où nous aimerions les emmener souvent. Mais ce qui devrait être simple s'avère très compliqué et la maison, après avoir été vidée, ouverte aux quatre vents et reconstruite, ne nous sera pas grande ouverte. A l'intérieur, toute trace du passé a été soigneusement éliminée. L'escalier ne grince plus; les persiennes en bois ont été perdues, les carreaux de ciment, cassés. La porte d'entrée a été conservée, mais on lui jette des regards hostiles... Le jardin a subi le même sort: exit les clapiers et le poulailler, l'allée de fruitiers et les pieds de pivoines. Il reste un champ de terre et de gravats, et dans un coin, au pied d'un mur en pierres, un arbre, un grand figuier. J'ai toujours connu cet arbre et il donne chaque été des kilos de fruits. Ma grand-mère nous en gardait des plats entiers; elle ne les aimait pas. J'ai dû élever la voix pour que mon arbre soit épargné par la folie reconstructrice et ne finisse pas débité en bûches... Il est toujours là et j'imagine qu'il est en bourgeons comme celui, tout petit, que nous avons planté ici. Aujourd'hui, on m'a dit, parmi un flot de nouvelles joyeuses, que le figuier était malade et qu'il faudrait le couper. Bien... Il nous arrive de telles choses ces temps-ci que pleurer sur un arbre malade serait déplacé. S'il faut le couper... J'ai parlé ce soir à un jardinier, de choses et d'autres, et de cet arbre... Il y a deux jours, il l'a trouvé en bonne santé.