Sueurs froides
Ce soir, les enfants dorment au chaud chez leurs grands-parents, à soixante kilomètres d'ici. Un peu de calme va être bienvenu dans la maison; la mère Noël va pouvoir s'activer et la mère de Marie, préparer un anniversaire qui tombe si mal, le lendemain de Noël, mais qu'il n'est pas question d'oublier.
Ces soixante kilomètres que nous connaissons par coeur, de routes sinueuses et vallonnées, ne m'auront jamais paru aussi longs que ce soir. Partis en fin d'après-midi mais bien avant la nuit, nous n'étions pas inquiets en raison du radoucissement des températures qui avait transformé la neige en pluie. Erreur. Les routes, bien dégagées, étaient déjà devenues glissantes et nous avons vite compris qu'il nous faudrait bien plus de temps qu'à l'aller, si nous ne finissions pas dans le fossé... Heureusement les enfants étaient au chaud, heureusement je n'étais pas seule, heureusement le poids lourd qui nous précédait arrivait à franchir les côtes et les virages, que je comptabilisais en même temps que le nombre de kilomètres qui nous séparaient de la maison. Nous sommes arrivés tard, mais entiers. Ce soir le feu brûle dans la cheminée, la confiture de Noël patiente dans la bassine et Schubert résonne dans l'abbaye de St-Michel de Cuxà. Les enfants dorment au chaud, tout va bien. Mais je ne serai vraiment tranquille que si les intempéries annoncées dans les prochains jours leur permettent de rentrer à la maison sans risque, à temps pour fêter Noël...