Ce matin
J'étais tout absorbée par mes gouttes de rosée, je regardais sur quoi elles s'accrochaient le mieux. Les feuilles larges des ancolies font de bons réceptacles, et le bord dentelé des feuilles d'alchémille accroche les gouttes comme des colliers de perles (ou comme mon plat à tarte -oui je ne pense qu'à manger). Alchemilla mollis; ce nom!... Encore une qui s'est invitée ici toute seule et que je garde soigneusement. Le lupin n'a pas résisté et c'est dommage, parce que les feuilles de lupin, c'est quand même terrible pour retenir les gouttes. Tiens, si j'en rachetais un pied tout-prêt-vendu-une-fortune... juste pour les gouttes...? Oui, mais où lui faire une place?... J'étais absorbée par mes réflexions sur les gouttes de rosée et je ne l'avais pas vue, posée dans l'herbe: la jeune tourterelle dérangée hier dans son nid n'a pas survécu. Je l'ai laissée là pour que les enfants puissent la voir. Emilie, d'abord impassible, a pleuré à gros sanglots. Elle avait observé hier la mère tourterelle défendre vaillamment les abords du nid contre les merles qui s'approchaient, et les histoires de mamans et de bébés, ça la touche, Emilie!. Il a fallu organiser une cérémonie d'enterrement avant de préparer le repas. Un trou suffisamment profond dans lequel elle a disposé des feuilles pour faire un matelas, des pétales de roses "pas du tout abîmés", et des feuilles de sauge "pour que ça sente bon". Sur la terre, Marie a fait une croix avec deux feuilles, mais Emilie a protesté: "Non! Il faut faire un coeur" Un coeur en feuilles rempli d'herbe. Il reste un petit dans le nid. Je ne suis pas sûre qu'il survive.