Octobre
Regarder d'un œil distrait quelques photos, et tomber là-dessus... C'était fin août, c'était fin septembre. C'est octobre et ça me manque. Rester sur la plage jusqu'à la nuit -ça va venir vite, la nuit, maintenant, tu me diras-, attendre que le sable devienne froid, trouver de nouveaux chemins ou refaire pour la millième fois les chemins connus... Regarder la mer envahir le havre et se mélanger à l'eau de la rivière, enjamber les criches, rentrer les semelles collées de vase. S'emplir les poumons de cet air-là, les yeux de cette lumière, courir, pédaler, grimper, n'importe, juste vivre, et oublier aussi. Je vais vous laisser. J'ai un rosier à planter dans le jardin miniature que je me suis trouvé, et puis un truc d'ombre aussi, il faut que je réfléchisse. Plantés dans le gravier, ça fleurit bien, et c'est tellement plus joli que les fleurs artificielles défraîchies des voisins. On a bien ri l'été dernier, quand j'ai revu là-bas mon instit de CP, celle que j'appelais "ma deuxième maman", qui a maintenant 80 ans et la manie d'allumer des cierges dans les églises comme le font mes enfants: la voilà, la filiation! On a ri au pied du donjon, on s'est émerveillé des lignes du havre et des lumières changeantes. Je vais vous laisser parce que l'automne c'est encore différent, qu'il y a Paul qui tombe en morceaux, que je veux retourner boire un café à la Gare avant qu'elle ferme. Je pars recharger mes batteries parce que la route n'est pas finie; elle ne fait même que commencer... Je pars un peu et je reviens.